Le Village Tahitien

Le Village Tahitien est une formidable opportunité de reconnecter les plateaux d’Outumaoro au littoral. Au-delà de la conception d’un projet, notre réflexion s’est attachée, à une échelle urbaine, à tirer parti de tous les atouts du site pour faire de ce lieu un véritable espace public et communautaire. Prolongeant la grande allée paysagère qui serpente en remontant vers les plateaux, un grand parc en belvédère viendra unifier le site en un plateau unique. Un lieu idéal, face au soleil couchant et au lagon, pour un espace public, végétal, ombragé, tout en courbes douces, à destination de tous.

Tahiti est un territoire avec un passé exceptionnel, mais aussi avec une histoire qui reste à écrire, un territoire au futur prometteur dont les jalons se posent aujourd’hui. C’est dans cet esprit que nous avons dessiné une architecture contemporaine, audacieuse, accueillante et résolument polynésienne. Un tel projet est une histoire, une occasion rare de renouer avec différentes histoires, qu’elles soient anciennes ou à venir.

Nous inspirant de l’histoire du territoire polynésien, qui commence au milieu de l’Océan Pacifique, et de celle de son peuple, navigant avec des pirogues à travers cet océan, nous avons pensé cet équipement comme un parc habité dont les ondulations sont une ode aux vagues de l’océan, et les bâtiments émergeant telles des pirogues disposées en corolles de fleurs. Autour des pelouses du parc, les bâtiments s’amusent de courbes et de contrecourbes. Ils dessinent un paysage de collines ondoyantes, de vagues délicates. Les rives de ces dalles sont blanches, comme l’écume, et dessinent des lignes qui contiennent l’espace public. Si l’écriture architecturale est résolument contemporaine, elle emprunte pourtant aux codes des constructions traditionnelles polynésiennes : des toitures aux débords généreux qui abritent de la pluie et du soleil, une couverture végétale, des charpentes singulières, des remplissages verticaux légers et vibrants.

A cette architecture paysage, manquait encore l’âme polynésienne. Pour rompre le rythme des vagues, lovés dans ce paysage en collines, trois farés contemporains se distinguent : le grand accueil commun, la salle de banquet et la grande salle de commission. Ces farés aux géométries futuristes se découpent en pointe dans le ciel. Un seul élément qui se répète jusqu’à constituer une couverture.  Cet élément constructif générateur a le profil des magnifiques coques des Va’a, dont la géométrie est la même que celle des plus grands vaisseaux maohis : sculptées dans le bois, fuselées, taillées pour fendre les eaux et emporter tout un peuple d’explorateurs dans un futur inconnu. Ces coques minces de grande portée, visibles de n’importe quel point de vue, sont l’élément signature du projet ; la concrétion de l’âme polynésienne délicatement posée sur les strates paysagères d’un bâtiment insolite. Résolument polynésien, navigant à travers les temps, ce projet, porté par tout un territoire, porte fièrement les couleurs d’une culture vivace.